Billet d'humeur de Enguerrand Lebec (Moto Revue)
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Forum de Motards en Nouvelle Calédonie :: LE COIN DES MOTARDS... :: MOTOS ET MOTARDS : DU SERIEUX A L'HUMOUR
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Billet d'humeur de Enguerrand Lebec (Moto Revue)
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Humeur - Casque toi, pauv' c...
Journaliste à Moto Revue, Enguerrand Lebec s’interroge sur la conscience du motard quant à sa sécurité, notamment via l’utilisation du casque et de son apparence.
Illustration Jacques Vivant
L’autre jour en arrivant au bureau dès potron-minet, je pris l’ascenseur en compagnie d’un collègue motard. Avant que les portes métalliques ne se referment, j’eus le temps d’apercevoir la marque de son casque. Il se trouve que je revenais par hasard d’une présentation presse d’un nouveau modèle qui n’est autre que le remplaçant de son intégral. Par souci d’information, déformation professionnelle oblige, je lui montre mon nouveau casque.
Mon collègue me prend mon intégral des mains, le regarde sous toutes les coutures en connaisseur et, au bout de quelques instants, lâche un sentencieux : « Mais pourquoi ils ont fait cet extracteur d’air à l’arrière, c’est moche ! » Cela m’a rappelé une réflexion identique relevée l’an dernier quand une marque japonaise avait lancé un nouveau modèle de casque : « Ouah, ce casque, il est horrible ! » L’esthétique d’un casque serait donc importante pour le motard qui le porte ? Et comment !
Selon les statistiques, la question de la sécurité n’est que le quatrième critère d’achat d’un casque, loin derrière le prix, le confort et... l’esthétique. Quand on enfile un casque, on dissimule son visage, ses aspirations et son paraître. Ne pas exprimer ce que l’on est, ne pas paraître, voire disparaître, sont autant d’angoisses modernes produites par notre mode de vie où être discret, c’est déjà ne plus exister aux yeux des autres et de soi-même. Par extension, les casques regorgent de signaux permettant d’en savoir plus sur la personnalité de leur propriétaire.
Catégorie d’âge, type de moto, goûts musicaux, addiction aux nouvelles technologies, hygiène personnelle : en détaillant un casque, on peut en apprendre long sur son propriétaire. Du moins, sur ses apparences. Mais la sécurité, tout le monde s’en balance peu ou prou. On achète un casque de pilote parce que c’est un casque de pilote, ou un casque BMW parce que l’on roule sur une BMW, pas parce que ce modèle protège mieux que les autres. Il existe pourtant aujourd’hui des différences de philosophie radicales entre la manière de concevoir un casque des principaux fabricants, mais aussi, il faut bien le dire, pas mal d’imposteurs qui se déchirent sur un marché devenu très concurrentiel.
Et les consommateurs n’y entendent pas grand-chose. Il arrive même que certains professionnels y perdent leur latin. Les marques les plus en vue parlent parfois d’éducation, organisent des séminaires pour sensibiliser leur réseau à leurs produits. Mais est-ce bien suffisant pour faire remonter la sécurité dans le rang des priorités d’achat ? Je me posais encore la question jusqu’à ce que le printemps ne m’apporte un matin une réponse des plus inattendues. Arrêté au feu rouge, je dévisageai un instant mon voisin posé sur sa baignoire sabot – pardon, sur son MP3 LT.
Par cette matinée chaude et ensoleillée, ce « commuter », comme les appellent les insupportables services de marketing à la mode, roulait tout bonnement sans gants, en sweat, baskets de toile et la jugulaire du casque détachée pendant sur son poitrail. La semaine passée, le directeur commercial de la marque présentant son nouveau casque roulait lui aussi sans gants sur une Harley. Comme quoi, si pour certains acteurs de la sécurité, la route est longue, l’avenir s’annonce en revanche radieux pour les designers de casques, qui sauront devancer les attentes des usagers en matière de moyens d’expression.
Humeur - Casque toi, pauv' c...
Journaliste à Moto Revue, Enguerrand Lebec s’interroge sur la conscience du motard quant à sa sécurité, notamment via l’utilisation du casque et de son apparence.
Illustration Jacques Vivant
L’autre jour en arrivant au bureau dès potron-minet, je pris l’ascenseur en compagnie d’un collègue motard. Avant que les portes métalliques ne se referment, j’eus le temps d’apercevoir la marque de son casque. Il se trouve que je revenais par hasard d’une présentation presse d’un nouveau modèle qui n’est autre que le remplaçant de son intégral. Par souci d’information, déformation professionnelle oblige, je lui montre mon nouveau casque.
Mon collègue me prend mon intégral des mains, le regarde sous toutes les coutures en connaisseur et, au bout de quelques instants, lâche un sentencieux : « Mais pourquoi ils ont fait cet extracteur d’air à l’arrière, c’est moche ! » Cela m’a rappelé une réflexion identique relevée l’an dernier quand une marque japonaise avait lancé un nouveau modèle de casque : « Ouah, ce casque, il est horrible ! » L’esthétique d’un casque serait donc importante pour le motard qui le porte ? Et comment !
Selon les statistiques, la question de la sécurité n’est que le quatrième critère d’achat d’un casque, loin derrière le prix, le confort et... l’esthétique. Quand on enfile un casque, on dissimule son visage, ses aspirations et son paraître. Ne pas exprimer ce que l’on est, ne pas paraître, voire disparaître, sont autant d’angoisses modernes produites par notre mode de vie où être discret, c’est déjà ne plus exister aux yeux des autres et de soi-même. Par extension, les casques regorgent de signaux permettant d’en savoir plus sur la personnalité de leur propriétaire.
Catégorie d’âge, type de moto, goûts musicaux, addiction aux nouvelles technologies, hygiène personnelle : en détaillant un casque, on peut en apprendre long sur son propriétaire. Du moins, sur ses apparences. Mais la sécurité, tout le monde s’en balance peu ou prou. On achète un casque de pilote parce que c’est un casque de pilote, ou un casque BMW parce que l’on roule sur une BMW, pas parce que ce modèle protège mieux que les autres. Il existe pourtant aujourd’hui des différences de philosophie radicales entre la manière de concevoir un casque des principaux fabricants, mais aussi, il faut bien le dire, pas mal d’imposteurs qui se déchirent sur un marché devenu très concurrentiel.
Et les consommateurs n’y entendent pas grand-chose. Il arrive même que certains professionnels y perdent leur latin. Les marques les plus en vue parlent parfois d’éducation, organisent des séminaires pour sensibiliser leur réseau à leurs produits. Mais est-ce bien suffisant pour faire remonter la sécurité dans le rang des priorités d’achat ? Je me posais encore la question jusqu’à ce que le printemps ne m’apporte un matin une réponse des plus inattendues. Arrêté au feu rouge, je dévisageai un instant mon voisin posé sur sa baignoire sabot – pardon, sur son MP3 LT.
Par cette matinée chaude et ensoleillée, ce « commuter », comme les appellent les insupportables services de marketing à la mode, roulait tout bonnement sans gants, en sweat, baskets de toile et la jugulaire du casque détachée pendant sur son poitrail. La semaine passée, le directeur commercial de la marque présentant son nouveau casque roulait lui aussi sans gants sur une Harley. Comme quoi, si pour certains acteurs de la sécurité, la route est longue, l’avenir s’annonce en revanche radieux pour les designers de casques, qui sauront devancer les attentes des usagers en matière de moyens d’expression.
cobalt57co-
Nombre de messages : 11732
Age : 55
Localisation : Nouméa
Moto : T'es de la police?
Humeur : Bonhomme...
Date d'inscription : 27/02/2009
Humeur - Celui qui piste le plus loin
Enguerrand LebecSource
Humeur - Celui qui piste le plus loin
Enguerrand Lebec, journaliste à Moto Revue, regrette que si une grande majorité des motards affiche une attitude plutôt civilisée face à la répression, certains tendent encore le bâton pour se faire battre par leur comportement abusif.
Illustration Jacques Vivant
Entre indigence et indigestion, mon cœur balance à l’heure d’ouvrir les dernières dépêches officielles des organes publics de la Sécurité routière. Non pas que le sujet ne m’intéresse pas. Si le grand public se révèle contraint et forcé d’ingurgiter sa dose réglementaire de messages à caractère sécuritaire, la chose me passionne d’un point de vue psychologique.
Résumons le contexte : le début de l’année a été mauvais pour les statistiques, janvier et février catastrophiques concernant le nombre de tués sur les routes, et mars à peine mieux. Sans parler des usagers de deux-roues qui ont été les premiers à en faire les frais, les victimes rapidement transformées en coupables par les énoncés officiels et la presse généraliste. Je ne vais pas revenir sur les chiffres ; nous connaissons la cuisine dont ils font l’objet avant d’être retournés du bon côté par la Sécurité routière, ou encore sur les effets supposés de la loi Loppsi sur les comportements.
L’occasion m’a déjà été donnée dans ces colonnes de m’interroger sur le flou artistique qui entoure ce que l’État nomme les « grandes causes nationales » (rappelons en essayant de ne pas rire que l’égalité des chances est une grande cause nationale depuis 2006). La prévention routière est quant à elle une cause nationale depuis l’an 2000. On nous prévoyait jadis un an 2000 sous le signe de la voiture volante ou du bug informatique, et nous avons eu à la place le bug de la prévention routière. Mais au-delà des querelles d’épiciers, je m’interroge fondamentalement sur le rapport de l’être humain confronté à la notion de risque et de vitesse dans une société moderne. Et je pense que l’on peut prendre la route, en accepter les risques inhérents, sans être un irresponsable notoire.
L’État doit être le garant de la santé publique, certes. Mais en matière de sécurité routière comme dans bien d’autres domaines, l’État a ces derniers temps fait preuve d’excès de zèle. Car protéger, ce n’est pas déresponsabiliser ou pire, abêtir. J’en viens au cas particulier des motards. Leurs comportements piquent aussi ma curiosité. À plusieurs reprises, j’ai noté des mœurs étranges. La majorité d’entre eux est aujourd’hui aussi sobre que terrorisée par les radars au guidon. C’est mon cas. Mais d’autres n’ont pas abdiqué le combat, et continuent de lancer des SOS à leurs contemporains, pour prouver qu’ils existent, à coups d’échappements bruyants et de grands excès de vitesse en ville.
Et pourtant, à l’occasion des diverses journées piste organisées par notre rédaction, nous sommes plusieurs à avoir constaté que certains excités de la poignée perdaient tous leurs moyens une fois lancés sur un circuit fermé. Pire, ils y roulent beaucoup plus lentement que sur la voie publique, et avec une prudence abusive, quasi surréaliste, qui n’a plus rien à voir avec la confiance qu’ils affichent sur route ouverte ou dans les centres-villes. Certains parlent même de « peur », alors que les infrastructures d’une piste sont les seules pensées pour la chute. Est-ce le fait que l’arène d’un circuit modifie le regard qu’autrui porte sur nous ? Ou le fait qu’une piste banalise par nature le bruit ou la vitesse ?
Le fait est que si les motards sont souvent doublement victimes de la route, victimes à la fois des accidents et de la propagande médiatique de la Sécurité routière, leurs comportements, non pas excessifs mais inappropriés, font qu’ils tendent parfois eux-mêmes le bâton pour se faire battre. À l’heure où toute opinion massive se forge sur l’autel de l’image et de la couverture médiatique, il devient vital de bien choisir son terrain de jeu pour savoir qui piste le plus loin.
Enguerrand Lebec
Humeur - Celui qui piste le plus loin
Enguerrand Lebec, journaliste à Moto Revue, regrette que si une grande majorité des motards affiche une attitude plutôt civilisée face à la répression, certains tendent encore le bâton pour se faire battre par leur comportement abusif.
Illustration Jacques Vivant
Entre indigence et indigestion, mon cœur balance à l’heure d’ouvrir les dernières dépêches officielles des organes publics de la Sécurité routière. Non pas que le sujet ne m’intéresse pas. Si le grand public se révèle contraint et forcé d’ingurgiter sa dose réglementaire de messages à caractère sécuritaire, la chose me passionne d’un point de vue psychologique.
Résumons le contexte : le début de l’année a été mauvais pour les statistiques, janvier et février catastrophiques concernant le nombre de tués sur les routes, et mars à peine mieux. Sans parler des usagers de deux-roues qui ont été les premiers à en faire les frais, les victimes rapidement transformées en coupables par les énoncés officiels et la presse généraliste. Je ne vais pas revenir sur les chiffres ; nous connaissons la cuisine dont ils font l’objet avant d’être retournés du bon côté par la Sécurité routière, ou encore sur les effets supposés de la loi Loppsi sur les comportements.
L’occasion m’a déjà été donnée dans ces colonnes de m’interroger sur le flou artistique qui entoure ce que l’État nomme les « grandes causes nationales » (rappelons en essayant de ne pas rire que l’égalité des chances est une grande cause nationale depuis 2006). La prévention routière est quant à elle une cause nationale depuis l’an 2000. On nous prévoyait jadis un an 2000 sous le signe de la voiture volante ou du bug informatique, et nous avons eu à la place le bug de la prévention routière. Mais au-delà des querelles d’épiciers, je m’interroge fondamentalement sur le rapport de l’être humain confronté à la notion de risque et de vitesse dans une société moderne. Et je pense que l’on peut prendre la route, en accepter les risques inhérents, sans être un irresponsable notoire.
L’État doit être le garant de la santé publique, certes. Mais en matière de sécurité routière comme dans bien d’autres domaines, l’État a ces derniers temps fait preuve d’excès de zèle. Car protéger, ce n’est pas déresponsabiliser ou pire, abêtir. J’en viens au cas particulier des motards. Leurs comportements piquent aussi ma curiosité. À plusieurs reprises, j’ai noté des mœurs étranges. La majorité d’entre eux est aujourd’hui aussi sobre que terrorisée par les radars au guidon. C’est mon cas. Mais d’autres n’ont pas abdiqué le combat, et continuent de lancer des SOS à leurs contemporains, pour prouver qu’ils existent, à coups d’échappements bruyants et de grands excès de vitesse en ville.
Et pourtant, à l’occasion des diverses journées piste organisées par notre rédaction, nous sommes plusieurs à avoir constaté que certains excités de la poignée perdaient tous leurs moyens une fois lancés sur un circuit fermé. Pire, ils y roulent beaucoup plus lentement que sur la voie publique, et avec une prudence abusive, quasi surréaliste, qui n’a plus rien à voir avec la confiance qu’ils affichent sur route ouverte ou dans les centres-villes. Certains parlent même de « peur », alors que les infrastructures d’une piste sont les seules pensées pour la chute. Est-ce le fait que l’arène d’un circuit modifie le regard qu’autrui porte sur nous ? Ou le fait qu’une piste banalise par nature le bruit ou la vitesse ?
Le fait est que si les motards sont souvent doublement victimes de la route, victimes à la fois des accidents et de la propagande médiatique de la Sécurité routière, leurs comportements, non pas excessifs mais inappropriés, font qu’ils tendent parfois eux-mêmes le bâton pour se faire battre. À l’heure où toute opinion massive se forge sur l’autel de l’image et de la couverture médiatique, il devient vital de bien choisir son terrain de jeu pour savoir qui piste le plus loin.
Enguerrand Lebec
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Moto : T'es de la police?
Humeur : Bonhomme...
Date d'inscription : 27/02/2009
Humeur - Majorité invisible, minorité tapageuse (Moto Revue)
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Humeur - Majorité invisible, minorité tapageuse
Journaliste à Moto Revue, Enguerrand Lebec évoque dans ce billet d’humeur les dégâts causés par certains motards qui condamnent la majorité par leur comportement irresponsable, notamment lors de la manifestation du 18 juin dernier.
Illustration Jacques Vivant
Il y a tout juste vingt-cinq ans, Coluche disparaissait dans un accident de moto aussi bête que tragique. Tout le monde se souvient de sa campagne avortée pour l’élection présidentielle de 1981, placée sous le signe de la défense des anonymes, des marginaux, des minorités silencieuses oubliées et étouffées par les pouvoirs publics. Pour beaucoup, les motards constituent encore aujourd’hui une minorité méprisée et humiliée par les mesures dites de sécurité routière. C’est en réalité exactement le contraire qui se passe.
Les utilisateurs de deux-roues sont à présent constitués d’une majorité d’usagers totalement invisibles dans notre société. Invisibles au sens propre, car bien souvent les automobilistes ne les voient pas. Mais invisibles également de par leur incapacité à revendiquer, étouffés eux aussi par une minorité de motards qui s’accaparent avec fureur chaque once de médiatisation qui leur est donnée. Les gigantesques manifestations du 18 juin dernier en sont un nouvel exemple : à Paris, l’immense cortège de motards a été émaillé de rupteurs endiablés sur le parcours, tandis que des burns géants marquaient l’arrivée au Trocadéro.
Sauf qu’en marge de la manifestation – légitime sur le fond –, les rues de Paris fourmillaient de grappes de touristes et de badauds habituels.
Des gens qui n’avaient pour la plupart aucune sensibilité motarde particulière, et dont la première expérience en la matière aura donc été le bruit et la fureur. Certains passants se sont plaqués les mains sur les oreilles, stupéfaits par les effets secondaires d’une mise au rupteur d’un moteur.
Le problème, c’est que cette minorité de motards ahuris, qui effraie la population le samedi après-midi et frôle les voitures à grande vitesse le reste du temps, joue un rôle déterminant dans l’opinion que se fait le grand public de la moto. La conséquence pour la grande majorité des usagers « civilisés » de deux-roues, c’est qu’ils héritent de facto de cette mauvaise réputation, sans avoir rien demandé. Paradoxalement, la majorité des motards demeure donc invisible et tenue à l’écart des débats.
Lorsque je pratiquais le cyclisme en compétition, je devais sans cesse justifier le fait que tous les coureurs ne se dopent pas forcément. Le passage du vélo à la moto ne m’a pas dépaysé ; car cette fois encore, les motards besogneux doivent sans cesse se défendre d’être des usagers nuisibles en puissance. Alors en attendant d’hypothétiques manifs de motards anti-motards, la plupart d’entre nous sont condamnés à supporter la croix d’une mauvaise réputation qui leur est tombée dessus par accident.
Humeur - Majorité invisible, minorité tapageuse
Journaliste à Moto Revue, Enguerrand Lebec évoque dans ce billet d’humeur les dégâts causés par certains motards qui condamnent la majorité par leur comportement irresponsable, notamment lors de la manifestation du 18 juin dernier.
Illustration Jacques Vivant
Il y a tout juste vingt-cinq ans, Coluche disparaissait dans un accident de moto aussi bête que tragique. Tout le monde se souvient de sa campagne avortée pour l’élection présidentielle de 1981, placée sous le signe de la défense des anonymes, des marginaux, des minorités silencieuses oubliées et étouffées par les pouvoirs publics. Pour beaucoup, les motards constituent encore aujourd’hui une minorité méprisée et humiliée par les mesures dites de sécurité routière. C’est en réalité exactement le contraire qui se passe.
Les utilisateurs de deux-roues sont à présent constitués d’une majorité d’usagers totalement invisibles dans notre société. Invisibles au sens propre, car bien souvent les automobilistes ne les voient pas. Mais invisibles également de par leur incapacité à revendiquer, étouffés eux aussi par une minorité de motards qui s’accaparent avec fureur chaque once de médiatisation qui leur est donnée. Les gigantesques manifestations du 18 juin dernier en sont un nouvel exemple : à Paris, l’immense cortège de motards a été émaillé de rupteurs endiablés sur le parcours, tandis que des burns géants marquaient l’arrivée au Trocadéro.
Sauf qu’en marge de la manifestation – légitime sur le fond –, les rues de Paris fourmillaient de grappes de touristes et de badauds habituels.
Des gens qui n’avaient pour la plupart aucune sensibilité motarde particulière, et dont la première expérience en la matière aura donc été le bruit et la fureur. Certains passants se sont plaqués les mains sur les oreilles, stupéfaits par les effets secondaires d’une mise au rupteur d’un moteur.
Le problème, c’est que cette minorité de motards ahuris, qui effraie la population le samedi après-midi et frôle les voitures à grande vitesse le reste du temps, joue un rôle déterminant dans l’opinion que se fait le grand public de la moto. La conséquence pour la grande majorité des usagers « civilisés » de deux-roues, c’est qu’ils héritent de facto de cette mauvaise réputation, sans avoir rien demandé. Paradoxalement, la majorité des motards demeure donc invisible et tenue à l’écart des débats.
Lorsque je pratiquais le cyclisme en compétition, je devais sans cesse justifier le fait que tous les coureurs ne se dopent pas forcément. Le passage du vélo à la moto ne m’a pas dépaysé ; car cette fois encore, les motards besogneux doivent sans cesse se défendre d’être des usagers nuisibles en puissance. Alors en attendant d’hypothétiques manifs de motards anti-motards, la plupart d’entre nous sont condamnés à supporter la croix d’une mauvaise réputation qui leur est tombée dessus par accident.
cobalt57co-
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Moto : T'es de la police?
Humeur : Bonhomme...
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Re: Billet d'humeur de Enguerrand Lebec (Moto Revue)
tout le monde ne peut pas exprimer son opposition aux lois,
lors des sauteries organisées dans les salons mondains des résidences de l'état.
lors des sauteries organisées dans les salons mondains des résidences de l'état.
MAGNUM-
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Moto : Africa Twin - R 1200 GS
Humeur : Toujours prèt pour la boîte à Conneries
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