L'histoire des flat twin Panhard

Je vous avais promis un post sur le moteur Panhard flat-twin le voici:

La conception de ce moteur est intervenue dans l’immédiat après guerre à un moment ou l’ économie d’énergie était une obligation. Panhard, avant guerre, fabriquait d’imposantes voitures “de maîtres” avec des moteurs de grosse cylindré. Ces moteurs, le plus souvent à 6 cylindres en ligne, étaient dit “sans soupapes” c’est à dire qu’ils avaient des chemises commandées par un arbre à came qui venaient obstruer les lumières de passage des gaz, ces chemises étant placées autour des chemises contenant les pistons. Bien que très silencieux et très souples, ces moteurs consommaient beaucoup d’essence (et presque autant d’huile !), ils étaient devenus complétement inadaptés au marché.


Une rupture technologique était nécessaire pour répondre aux conditions économiques de l’époque, Panhard misa sur le développement d’un moteur à faible cylindré mais à haut rendement. Pour la même raison, Panhard fit aussi le choix d’une carrosserie intégralement en aluminium ce qui était une innovation dans le cadre d’une production en série (bien avant Audi avec la A8).

Panhard dans les années soixantes a baptisé sa nouvelle voiture la PL 17, cette appellation de « 17 » vient de l'addition des chiffres de 6 litres de consommation aux 100 km, 6 places et 5 CV fiscaux, une belle réussite quand on compare aux autres voitures contemporaines qui dépassait allègrement les 10l aux 100km et souvent avec des performances inférieures, le pari du moteur à petite cylindrée et à haut rendement était gagné.


C’est donc dans l’immédiat après guerre que commence l’histoire des bicylindres à plats et opposés, refroidis par air. Pendant 20 ans il a été perfectionné à de multiples reprises par son concepteur l'ingénieur centralien, Louis Delagarde. Mais dès sa conception, il présentait de nombreuses originalités techniques :
• cylindres borgnes en aluminium avec une chemise en fonte frettée à chaud, la culasse est non détachable du cylindre
• embiellage monté sur paliers avec des roulements à rouleaux selon un brevet Panhard (rouleaux de deux diamètres différents pour éviter l’usure);
• soupapes rappelées par des barres de torsion, dotées plus tard d'un rattrapage de jeu hydraulique.

La première version de 1946 a été monté sur la Dyna X, il n’avait pas le refroidissement par ventilation forcée ni le rattrapage de jeu hydraulique aux soupapes. Sa cylindrée était de 610cc, il délivrait 22 ch. Il passera ensuite à 745 cm3 (34cv) puis à 851cm3 (40ch) sur la Dyna X.



A partir de 1956 avec la sortie de la Dyna Z ce moteur va recevoir de nouvelle bielles dite “tour Eiffel” ces bielles sont montées sur des roulements à aiguilles, il n’y a donc aucun coussinet dans un moteur Panhard, le frottement est réduit au maximum. Sur ce moteur on inaugure aussi le rattrapage de jeu hydraulique aux soupapes bien avant les V8 américains.



Avec une cylindrée de 848 cm3 (5cv fiscaux) il passera de 40 à 42cv puis 50 avec la première version “tigre” à carburateur double corps pour terminer à 60 chevaux SAE sur la 24 CT.

Il a connu aussi d’autres domaines d’utilisation:

Des groupes électrogènes pour l’armée furent construit par Panhard avec des moteurs flat-twin.

Les chars d’assaut : Panhard fabriquait et fabrique toujours des chars “légers” et c’est donc par “assemblage” de 6 bicylindres que fut conçu le moteur 12 cylindres refroidit par air des chars EBR.


Je garde le meilleur pour la fin, il y a eu une moto à moteur Panhard “la Tigre”:
Cette moto qui date des années 60 est animée par un moteur de la PL17. Ces machines furent construites par Jean-Paul Bucher à partir d’assemblage de pièces de partie-cycle BMW de série 2.



Plusieurs side-cars ont aussi été propulsés par un moteur Panhard.

Cette moto et un side sont visibles, au musée du château de Savigny les Beaunes, chez Michel Pont, un passionné, chez qui vous pourrez voir outre une très belle collection de moto, des voitures de pompiers, des tracteurs emjambeurs (pour la culture de la vigne) des avions de chasse (oui oui) et une exceptionnelle collection de voitures de courses Abarth. Et après la visite vous pourrez manger un coq au vin arrosé d’un grand Bourgogne !