Top 10 des chansons sur la crise

Marquant le glas du capitalisme selon certains, ou une réorganisation de l'économie selon d'autres, la crise économique est l'occasion de (re)découvrir les joies du ralentissement ou de la récession économique : baisse des salaires, faillites, chômage, et tensions sociales.

S'il est extrêmement difficile pour le commun des mortels de comprendre les tenants et les aboutissants d'une crise économique, les artistes s'en sont fait plus ou moins brillamment les témoins. Que ce soit dans le rap, la folk ou la variété, certains s'y sont frottés et ont pondu des oeuvres de bonne facture. Voyons donc quels sont les morceaux qui ont le plus marqué la crise économique, ou du moins qui y sont intimement liés, puisque certaines chansons n'abordent pas la crise frontalement mais posent des questions sur le capitalisme, la société de consommation, les banques, le rapport à l'argent, etc…

Dans cet hommage à la 25è heure de Spike Lee, Orelsan se fait le marqueur d'une certaine époque, celle des années 2000, marquée par plusieurs mutations fondamentales. Parmi celles-ci, la démotivation quant à la tâche de travail (alors qu'on se croyait débarrassés du Taylorisme, le salariat actuel a recréé un ersatz de bureaucratie mécaniste dans le secteur tertiaire, comparable à une sorte de marche de l'empereur, où plus personne ne saisit l'intérêt des tâches qu'il accomplit, et le tout dans un environnement annihilant), le conformisme, les parachutes dorés, la régression culturelle, le repli social, le retour des dogmes, les élites dépravées (DSK inside) etc… le tout dans un contexte de grèves. Bref, un beau témoin de la crise sociale et de l'époque que nous vivons !

Un joli morceau folk / variété française du groupe Tryo, qui là aussi décrit bien l'époque actuelle, celle des problèmes liés au chômage, aux licenciements, à l'écologie, au néo-colonialisme et autres pays émergents.

Critique de la société de consommation, du court-terme et de l'égoïsme par Zazie. Pas de lien direct avec la crise, mais les thèmes abordés s'en rapprochent.

Une boîte coule, mais le décideur part avec un petit pactole, ou l'histoire des parachutes dorés, chantée par Alain Souchon.

Tout comme chez Tryo, l'opposition Amour / Crise est de mise.
Et pour le coup, Zazie avait réutilisé les ficelles du ciné des années 20 avant le film The Artist, le succès en moins.

Bambi Cruz, alias le Jacques Cheminade du rap français ! Ce mec nous explique en 1997 tout ce qu'il va se passer en 2008 lors de la crise des subprimes. Et pas que. La société de consommation et l'embrigadement intellectuel décrit à travers les « esclaves modernes », les rêves de « limousines » des imbéciles de cités, mais aussi la gouvernance mondiale qui « opère dans l'ombre », « génère de l'argent » et « possède des banques, des fabriques d'armes », etc…

Moralité de l'histoire : « Apprenez que l'ennemi n'est pas forcément celui contre qui l'on se bat, mais celui qui profite des dégâts ». Qui a parlé de théorie du complot ?

La très sophistiquée Jessie J voudrait oublier le « code barre », car selon elle « nous n'avons pas besoin de cet argent, nous voulons juste que le monde danse ». Une belle utopie, dans une très belle chanson néanmoins, et le tout packagé dans un clip très bien réalisé.

La chanson populaire et anti-michto par excellence, à faire écouter aux générations de jolies nanas actuelles qui aiment bien les belles voitures, les n+4, les pouvoirs de caissières, les responsabilités, les stars sur Twitter et autre Nicolas Bedos…

On retrouve le thème du salariat, décrit là encore comme une immense Marche de l'empereur : métro et boulot pour au final se faire écraser par la crise et la mondialisation, plus forte que les heures sup' !

J'ai laissé le chef d'oeuvre pour la fin. Cette chanson qui semble nous ramener en 1929 est tirée de l'album « Modern times » de Bob Dylan, sorti en 2006. Pas de mots pour décrire la digne tristesse que chantonnent les notes de piano et la voix métallique et déclinante du plus grand parolier au monde. C'est à mon sens la chanson qui fredonne le mieux la définition même de la crise économique, et c'est ce que Bob Dylan sait de toute manière faire de mieux, raconter des crises et des injustices.