Dominique Dillenbourg, éternel voyageur à moto (www.lalsace.fr/)

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Dominique Dillenbourg, éternel voyageur à moto



À travers son parcours, la création de l’agence de voyages à moto West Forever, son expérience de guide et sa philosophie de vie, Dominique Dillenbourg symbolise l’expression « partir pour mieux revenir ». Il se raconte dans un livre passionnant.

« J’adore quitter la maison au petit matin. La moto est chargée. Tu démarres dans la fraîcheur. Ça reste un moment magique, dont je ne me lasse jamais… » Dans la cour de l’ancienne ferme d’Entzheim, écrasée par la chaleur de juillet, un voile passe devant le regard clair de Dominique Dillenbourg. Il jure pourtant n’avoir jamais été aussi heureux. Il a revendu, il y a deux ans, l’agence de voyages à moto West Forever et va donc passer l’été chez lui, pour la première fois depuis une bonne vingtaine d’années… « Enfin, sauf si on m’appelle pour remplacer un guide, au dernier moment. » Sûr qu’il serait contrarié de laisser Irmi, son épouse, s’occuper des salades du jardin… Ce Belge marié à une Allemande n’est pourtant jamais parti pour s’échapper. Il déteste cette idée, même s’il n’a plus beaucoup d’appétence pour son plat pays – « Mais qui aime vivre en Belgique, en région wallonne ? »

« Partir, c’est revenir. On ne voyage pas pour fuir, c’est une erreur, même si on traverse l’outback australien à moto. Les racines sont importantes. Et les miennes sont ici, au pied des Vosges. Pourtant, je sais que je ne serai jamais Alsacien. »


De Fegersheim au Grand Canyon
Son aventure avec l’Alsace et Harley-Davidson commence réellement en janvier 1994 quand il ouvre la première concession de motos américaines à Fegers-heim, en bord de RN83. Dominique Dillenbourg n’a pas un rond, s’endette jusqu’au cou et transforme, en quelques années, l’enseigne en plus grande concession Harley d’Europe. Il reçoit de la « Motor Co » de Milwaukee le premier « Award of excellence » décerné en Europe. « Ce que j’ai fait ? Ça, j’ai voulu l’expliquer dans le livre. Pour réussir dans les affaires, il faut être sympathique ! Dans un monde concurrentiel, le facteur sympathie est fondamental, à la boulangerie du coin, pour un plombier ou pour vendre des motos. On ne le dit pas assez dans les écoles de commerce. À Fegersheim, je n’ai rien inventé, simplement rassemblé des bonnes idées piochées à droite, à gauche. » Son livre Fegersheim-Las Vegas, je suis arrivé à moto, qu’il vient de publier, contredit sa modestie. Défilés de mode, portes ouvertes délirantes et très « hot », compétitions, bar et concerts… Dominique Dillenbourg a fait de sa concession un lieu de vie unique à l’ouest du Rhin.

Mais le meilleur reste à venir, en juin 1995 quand, pour répondre à la demande d’un client sourd-muet, il décide d’emmener une quinzaine de clients visiter l’Ouest américain en Harley. « Ça, on l’a inventé. Personne ne le faisait. Frank, mon pote d’enfance, habitait à Los Angeles. Il s’est occupé du tracé et a trouvé une concession californienne qui louait des Harley… pour des tournages de films. » L’affaire bascule quand une cliente, Claudine, lui dit sur le parking du Grand Canyon : « C’est trop génial, tu devrais créer une agence de voyages. » West Forever prend forme, Dominique Dillenbourg revend ses concessions et se lance sur le créneau des voyages en Harley-Davidson, ouvre des circuits en Thaïlande, au Mexique, en Afrique du Sud… et même en Alsace Bossue pour des clients américains. « On a fait 17 années de croissance, à deux chiffres. Personne, même au siège de Harley, ne pensait que l’on pouvait louer des motos à des particuliers pour traverser les USA ou l’Australie. »

Le concessionnaire devient guide, psychologue surtout, quand il faut gérer les groupes, les galères mécaniques, les étapes épuisantes, le stress de la chute… « Quand je parle d’être sympathique… C’est fondamental. La Harley et les voyages, personne n’en a besoin pour vivre. On vend du rêve. Et comme guide, on s’enrichit tous les jours. Même auprès des plus cons ! »
Par nature, Dominique préfère parler des gens bien, qui l’ont marqué, des femmes, « plus faciles à gérer, sauf qu’en t’en a une mauvaise dans le groupe » , des Français, « qui, contrairement aux idées reçues, sont sympas, plus, par exemple, que les Allemands et les Italiens » , et du bonheur visible à accompagner des motards qui font souvent, avec West Forever, « le voyage de leur vie ».


Le choc du 11 septembre
L’activité d’emmener plus de mille personnes par an sur les mythiques « roads » d’Amérique, d’Afrique ou d’Australie n’est pas sans risque, et West Forever manque de s’effondrer quand deux avions fracassent les Twin Towers de New York, un certain 11 septembre 2001. « Là, on a eu chaud. Les clients annulaient leur voyage. Mais on est reparti. » Finalement, en 2011, il vend West Forever à un client… et reste guide pour l’Australie et ambassadeur de l’entreprise. « J’avais peur que ce soit compliqué, surtout pour Fabien, le nouveau patron. Quand j’ai vendu tout en restant guide, je lui ai signé une lettre de démission en lui disant : si tu ne veux plus de moi, tu mets la date et on n’en parle plus. Je crois qu’il a perdu cette lettre… »

Le livre qui raconte ce parcours passionnant, atypique, est maintenant disponible en concession. Le plaisir de l’écrit a compensé celui d’entreprendre, pas celui de voyager. Il envisage une descente de l’Amérique du Sud « à l’ancienne, en voyageant léger, avec mon pote Frank, sans savoir le matin où on va dormir » , rêve toujours d’Australie, « le pays où il faut aller si on a 20 ans » , et d’un séjour parmi la communauté Amish du Vermont, pour sa faculté à vivre simplement, en respectant des valeurs. Il concède : « Je ne suis pas religieux mais mystique, certainement. »

À 55 ans, Dominique Dillenbourg savoure le bonheur de raconter de belles histoires à Nala, sa petite-nièce belge en vacances à Entzheim. Mais sa moto n’est jamais très loin. L’appel de l’outback australien ou des Vosges du Nord est imprévisible…


LIRE Fegersheim-Las Vegas je suis arrivé à moto , 10 €, disponible dans les concessions Harley-Davidson à Sausheim à Fegersheim, ou directement auprès de l’auteur. The Sunny Side Edts, 11 rue du Cercle, 67960 Entzheim. Courriel : éditions.dillenbourg.dominique@gmail.com